Wednesday 17 April 2013

PROBLEMES CULTURELS DANS L’ACQUISITION DE LEHMAN BROTHERS PAR NOMURA


Après la faillite de Lehman Brothers, de nombreuses entreprises ont voulu leur acheter des parts. Une d’entre elles était Nomura qui désirait acheter la branche asiatique de Lehman Brothers.

Le projet était très prometteur pour les deux parties. Les principaux acteurs de Lehman Brothers pourraient conserver leur travail et travailler pour l’une des plus grandes sociétés financières asiatiques. Nomura ferait un pas de plus vers son rêve d’être une entreprise de dimension mondiale. Toutefois, cela n’était pas près d’arriver.


Facteurs culturels

Dans cette affaire, les problèmes sont survenus sur deux plans différents: le macroniveau et le microniveau.

Le premier ensemble de problèmes (macroniveau) est dû aux différences des cultures d’entreprise et de leurs valeurs. Les employés de Lehman Brothers étaient habitués à être agressifs, à prendre des risques et des décisions rapidement pour conduire les affaires. Ils étaient souvent sous pression. Nomura se repose davantage sur sa hiérarchie. C’est une entreprise très conservatrice qui préfèrent modérer ses rentrées d’argent plutôt que de traiter des montants énormes en une seule fois (Soon Young Choi, 2011: 26).

Le traitement des transactions diffère aussi. L’attitude envers les clients était différente chez Lehman et Nomura. Lehman Brothers préférait les revenus à court terme plutôt que de nouer de longues relations (un autre exemple de confrontation entre les modèles axés sur le long terme et ceux sur le court terme). Nomura, en revanche, préférait le travail avec d’anciens clients fiables auxquels étaient accordées des conditions plus favorables plutôt que de prendre des risques.

Un autre macroproblème était celui de la confiance. Pour quelle raison la société Nomura a-t-elle fait surveiller les employés de Lehman Brothers  et fait rédiger des rapports de performance sur ces derniers ? Même les plus hauts cadres étaient constamment suivis. A part l’irritation compréhensible, ceci a semé le doute sur le degré de confiance de Nomura envers le personnel de Lehman Brothers.

Les microproblèmes étaient également légion. L’exemple le plus frappant était le traitement des femmes par la société Lehman Brothers.

Peu de temps après l’acquisition de Lehman Brothers, Nomura lança une série de formations pour que l’intégration se fasse en douceur. Cette potentielle bonne idée prit une drôle de tournure. Les femmes et les hommes ont été séparés. Les femmes se sont vues dire comment elles devaient se coiffer, se vêtir, et même comment servir le thé! De plus, quelques fois les femmes n’étaient pas autorisées à prendre part aux réunions en vertu d’une “stricte politique de la porte fermée”.


Impact financier des différences culturelles
Les différences culturelles très marquées et la volonté d’imposer la culture de Nomura aux anciens employées de Lehman Brothers ont eu de terribles conséquences. Après seulement 3 mois les per tes étaient estimées à 591 millions de dollars.

Tout au début, Nomura avait déclaré que cette acquisition devait permettre d’atteindre deux objectifs : s’implanter en dehors du Japon et être l’élément central de Lehman Brothers. Comparons maintenant les objectifs initiaux et les résultats obtenus.

Les pertes pour l’année 2008 et le premier trimestre de 2009 sont estimées à environ 8,700 milliards de yen (Soon Young Choi, 2011: 33). Par la suite, Nomura a commencé à dégager du profit. Toutefois, les gains étaient insignifiants comparés à ceux des leurs rivaux. Ci-dessous sont listés les profits réalisés à travers des investissements bancaires par Nomura et ses rivaux (premier trimestre, 2009).


· Nomura: 207 millions de dollars
· Goldman Sachs: 3,46 milliards de dollars
· Morgan Stanley: 1,78 milliards de dollars
· Citigroup: 4,43 milliards de dollars

 En ce qui concerne les employés, la longue série de démissions se conclut avec le départ de Jasjit “Jesse” Bhattal en janvier 2012. Dans le cadre de ce partenariat, d’autres “grosses pointures” ont décidé de partir dont Alexis de Rosnay (2008), Brian O’Connor (Mai 2009), Jane Wang (2010), Thomas Siegmund (March 2010), Colin Banfield (Mars 2010), Sigurbjorn “Siggi” Thorkelsson (Mars 2010), Adrian Mee (Avril 2010), Glenn H. Schiffman (Mars 2011), Rachid Bouzouba (Mars 2011), Philip Lynch (Juillet 2012) et Tarun Jotwani (Janvier 2012) .

Les difficultés financières, qui ont jeté une ombre sur les ambitions de Nomura, et les démissions en masse de la part des employées de Lehman Brothers permettent d’affirmer que ce partenariat n’a pas atteint les résultats escomptés. L’énorme fossé culturel entre les deux entreprises et l’étouffement” des employés de Lehman Brothers,  responsable d’un bon nombre de départs, ont eu un impact important sur les performances de l’entreprise..

TATA fait l'acquisition de Jaguar Land Rover  < article précédent – article suivant > BNP Paribas acquire Fortis

Sources

· http://dealbreaker.com/2009/07/nomura-finding-lehman-employees-to-be-extremely-difficult-particularly-those-damn-women/
· http://dealbook.nytimes.com/2012/08/31/nomuras-failed-global-ambitions/
· http://blogs.wsj.com/deals/2012/08/22/where-are-nomuras-former-lehmanites/

Traduit de l'anglais par FRANZ-LUKIC Arnaux depuis l'article original CULTURAL PROBLEMS IN THE NOMURA LEHMAN BROTHERS ACQUISITION

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