Friday, 3 May 2013

TRADUCTION ET INTERPRETATION: L’HERITAGE DU TPIY DE HAGUE

Même si le travail du tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) est presque terminé, cet établissement peut sans doute enseigner à d’autres tribunaux un tas de choses sur la traduction et l’interprétation.

Selon l’Economist, l’énorme machine judiciaire du TPIY de Hague est à l’arrêt. Depuis 2004, la court n’a plus inculpé personne et pour le moment, seulement 3 cas sur 161 restent à passer en jugement. La court dispose donc de temps pour évaluer l’héritage qu’elle va laisser derrière elle.


                                          [Karadzic commence sa défense au TPIY de Hague]

Un de ces héritages concerne la traduction et l’interprétation.

Toutes les cours de justice internationales dont appel à des traducteurs et à des interprètes, et ces derniers doivent suivre le rythme des procès. Le TPIY est plus rapide et efficace que son prédécesseur, la Court Criminel internationale. Ceci est largement dû au fait que le TPIY se soit focalisé sur une seule zone géographique et linguistique. Il y a seulement trois langues de travail principales: l’anglais et le français, qui sont les langues officielles des Nations Unies, et le ‘BCS’, Bosniaque/Croate/Serbe.

Le défi qui découle de ces langues de travail est plus ardu que ce qu’il paraît être. Ce groupe de langue est parfois divisé en serbo-croate et bosniaque, mais les trois langues peuvent également être pris à part en tant que serbe, croate et bosniaque. Le croate et le bosniaque sont des langues rédigées avec l’alphabet latin, mais le serbe utilise le cyrillique. De plus, les trois langues ont des dialectes qui ne sont pas répartis de manière précise entre les trois langues. En règle générale, les trois langues peuvent être comprises par un locuteur d’une seule d’entre elles. La Yougoslavie a beau avoir été fractionnée en plusieurs états et les nationalistes ont beau mettre l’accent sur leurs différences, pour la Court, tout est classé sous le signe BCS.

Par conséquent, le TPIY peut procurer rapidement à ses employés, avocats et témoins des services d’interprétation de qualité. Ces services de traduction sont bons, dans la sale d’audience en fait, on a l’impression que les dialogues ne sont que dans une seule et même langue. BCS est la plupart du temps une langue sujet-verbe-objet et ceci est la combinaison la plus simple à rendre en anglais, puisque les deux langues ont le même structure.

En 2006, la court a aussi mis au point un système de gestion électronique : E-court. Maintenant, un retranscription en direct depuis l’anglais ou le français peut être projeté sur des écrans dans la salle d’audience. De cette façon, les parties peuvent directement se server de la traduction, ce qui peut être crucial pour l’affaire en cours. Pour garantir l’exactitude des propos rapportés, les traductions des témoignages qui ne sont pas en anglais ni en français doivent être conservées dans leurs langues. E-court permet aussi aux témoins de rester où ils sont et d’envoyer leurs témoignages sous forme de vidéo. La traduction simultanée s’opère donc à distance.

Un autre avantage que le TPIY a sur les autres courts est que le tribunal n’a pas à traiter des cas avec des scripts qui diffèrent totalement des caractères latins, comme l’Arabe ou le Japonais par exemple. Ces langues donnent souvent du fil à retordre aux avocats occidentaux qui doivent lire de nombreuses pages de dépositions écrites à la main en arabe.

Seul le temps pourra nous dire ce que sera l’héritage du TPIY, mais une chose est vraie: la court a très bien géré le problème des langues.


Traduit de l'anglais par FRANZ-LUKIC Arnaux depuis l'article original TRANSLATION AND INTERPRETING: LEGACY OF THE ICTY, HAGUE

No comments:

Post a Comment